LETTRE AU PUBLIC

Bonjour,

 

Lettre au public est le nom générique du message que nous nous proposons de vous adresser 3 ou 4 fois par an pour vous faire part de l’avancée de notre recherche cinématographique, au moyen de textes, images et sons qui concernent notre travail passé, présent et avenir.

 

Cette première lettre est composée de deux rubriques, l’une qui présente des textes écrits à l’occasion de la projection de notre dernier long film Les désorientés, l’autre qui se veut une mise en perspectives d’un projet en cours : une série cinématographique sur saint Paul.

 

Nous vous souhaitons une bonne lecture et un bon visionnage.

 

Sol Suffern-Quirno & Rudolf di Stefano

AUTOUR DU FILM / LES DÉSORIENTÉS

REPRENDRE ANTIGONE
Eric Brunier
«La reprise proprement dite, au contraire, est un ressouvenir en avant.» Søren KIERKEGARD,La Reprise, 1843 (in édition Bouquins, p.694) Un film, Les Désorientés, parle du présent avec la tragédie d’Antigone et de Créon. Il pointe dans notre présent sa dimension tragique. Il nous interroge sur notre rapport à la tragédie. Il choisit le montage d’une situation et d’un texte. Je suis parti de l’impulsion du film pour écrire sur Antigone. Au départ, ont dit les réalisateurs, le confinement et l’interdiction de sortir. Comment ne pas voir l’analogie avec l’interdiction qui est faite aux habitants de Thèbes d’ensevelir Polynice? Peut-être d’autres raisons biographiques ont amené ce film. Il ne m’appartient pas de les exposer. Rien d’autre qu’Antigone ne m’oblige à décider. Elle décide d’elle-même pour elle-même. Elle ne tient compte ni des causes, ni des conséquences, elle ne consulte ni la raison, ni les lois, elle se tient, elle s’agrippe même, au poumon de son existence. Elle va, ainsi cavalière, au plus droit, décider d’une vie comme le cinéaste décide d’un film. Elle s’est forgé une certitude au cœur d’un foyer et rien ne peut la fléchir. Polynice, plus tôt martelait la pointe de fer, battue, rebattue pour qu’elle résiste au feu le plus…
Lire la suite…
 
LES DÉSORIENTÉS, entretien avec Gérard Bochaton
Sol et Rudolf
Gérard Bochaton: Ce qui m’a frappé et ému en revoyant votre film, c’est la double dédicace: «à nos mères», « à Jean-Luc Godard et à Jean-Marie Straub» qui conjugue une tonalité intime et une dette artistique. Sol Suffern-Quirno: Fabriquer un film comme celui-ci prend du temps, et pendant ce temps quatre personnes qui comptaient pour nous sont mortes. Cette dédicace est arrivée à la fin du processus de création du film, c’était une façon de faire entendre qu’elles avaient été présentes au quotidien, tout au long de notre travail. Rudolf di Stefano: Il faut rajouter tout de même que la mort de la mère de Sol a été le point de départ de ce film. C’est cette perte, dans des conditions très particulières, qui a créé la nécessité d’un film. Au départ il était question de faire un film court comme nous le faisons souvent pour tenter d’agir sur l’actualité que l’on traverse. La situation qui a déclenché le travail était la pandémie, et plus particulièrement l’impossibilité d’accompagner les malades, les mourants et les morts pour des raisons de restriction sanitaire. S.S-Q: C’est cet impossible qui nous a mené à lire Sophocle et en particulier Antigone, nous avions à ce moment besoin d’une…
Lire la suite…
 
POUR LES DÉSORIENTÉS
Marie-José Malis
C’est difficile de parler de la tragédie en 10 minutes et après ce très beau film de mes amis, sans vouloir toutefois donner l’impression que ce que je vais dire prétend aider à regarder le film, mais tout en laissant le film être mon guide dans cette petite méditation au sein de l’univers et du problème très tendu de la question tragique. Ce que je peux dire c’est que le film me fera dire des choses que sans doute je n’aurais pas dites sans lui. Je commence avec le film. Dans une ville désertée par la pandémie, des antiques restes du monde sauvage et mythique se remettent à phosphorer. Là où la ville et l’humanité modernes sont incapables de donner symbole et signe à ce qui leur arrive. C’est ce qui me frappe d’abord: là où il y avait paroles, chants, poèmes, et rites, il y a désormais une imbécile incapacité, une sorte de destination à laquelle est arrivée l’humanité et qui est une stupeur vidée de tout reste persistant, de toute incantation. Or la tragédie c’est le traitement de l’impur, c’est le chant ou la tension exprimée avec le défiguré, le débordant, le démesuré, ce qui outrepasse ou qui descend en dessous…
Lire la suite…
 

 

PERSPECTIVES À VENIR...

Nous engageons un travail au long cours qui reprend un projet sur la vie et la pensée de saint Paul qui fut initié et mis de côté il y a vingt ans.

Nous proposons de mettre l’accent ici sur deux films du Dojo cinéma qui annonçaient déjà ce projet, l’un qui s’appuyait sur le scénario de Pasolini d’un film sur saint Paul, jamais réalisé, et l’autre qui présente une position adverse et antagonique à l’orientation de Paul, la voie gnostique soutenue par l’anti-philosophe Gilles Grelet.

ANNONCER SAINT PAUL
2003, 12′ Si les films et le montage valent un peu, c’est bien parce que l’intégralité de la vie ne vaut pas grand-chose. Il ne s’agit donc pas ici de retracer l’intégralité de la vie de saint Paul. Il ne s’agit pas de se raconter d’histoire(s). Il s’agit d’accueillir saint Paul, en personne et en paroles. Voir si on peut, voir comment. Voir si on est le peuple dont il parle, pour lequel il parle. Le peuple qui n’a pas été élu. Celui pour lequel il n’y a pas d’élection(s). D’après le scénarioSaint Paulde Pier Paolo Pasolini et duProspectus d’une rébellion qui ne serait pas du semblantde Gilles Grelet…
Lire la suite…
 
UNE BONNE MANIÈRE DE COMMENCER, C’EST DE SE DONNER UN MYTHE
2006, 12’ Depuis les locaux de la Sorbonne, l’anti-philosophe Gilles Grelet donne une conférence retransmise par vidéo en plusieurs lieux. Dans la pièce à côté, en coulisses, le philosophe Hugues Choplin tente un commentaire en direct de cette intervention. Pas un débat, pas un travail commun ni un échange : un duel, comme au cinéma.…
Lire la suite…