Le lundi 17 novembre 2025 à 18 heures ouverture d’une série de séances dédiée au montage cinématographique comme pensée, dans le cadre des Ateliers d’actualité collective, organisés par la revue Ardentes Patiences.
Ces séances se tiendront à l’Université Paris 8 Vincennes-Sant-Denis, 2 rue de la Liberté, 93200 Saint Denis
Maison de la recherche, salle A2-201
LE MONTAGE CINÉMATOGRAPHIQUE COMME FORME DE PENSÉE

La question de savoir qu’est-ce que le montage cinématographique, est une quête permanente pour les cinéastes. C’est particulièrement le cas pour ceux qui considèrent que le montage est la manière spécifique qu’a le cinéma de penser. Sur ce point les cinéastes sont divisés : d’un côté, ceux qui estiment que le montage est un moyen subordonné au développement d’un sujet ou d’une histoire ; de l’autre, ceux qui considèrent au contraire qu’il s’agit du point central de leur travail et qu’il faut, dans ce domaine spécifique, renouveler les formes et faire des découvertes pour faire avancer le cinéma.
Nous choisirons évident d’explorer les travaux de cette deuxième catégorie de cinéastes, en nous demandant à chaque fois comment ont-ils fait un pas de plus dans le domaine du montage cinématographique.
Nous nous appuierons pour cela sur des cinéastes emblématiques de cette question, tels que Eisenstein, Vertov, Péléchian, Bresson, Pollet, Godard, Straub et Huillet, etc. Toutefois l’entrée ne se fera pas pour autant par ces noms propres prestigieux, mais par des formes spécifiques de montage que nous avons identifiées en amont et qui seront mises à l’épreuve par notre enquête. De ce fait la nomination des différents types de montage est encore susceptible d’évoluer. Mais j’ai pour l’instant identifié cinq formes de montage : le montage de contrepoint, le montage à distance, le montage croisé, le montage dialectique et le montage compossible.
Ces cinéastes pratiquent généralement plusieurs formes de montage simultanément dans un même film, mais ils mènent souvent l’une d’entre elles à un point d’impasse, pour inventer une nouvelle possibilité. Ils se distinguent par leur façon spécifique de renouveler un des domaines, en trouvant ainsi une façon inédite de penser par le cinéma.
L’enquête que je propose de mener tentera également d’expliquer pourquoi le montage est si important pour tous ces cinéastes. Il est fort probable qu’ils partagent l’idée que le cinéma, parce que sa matière première est la réalité, se doit d’être formalisé de manière rigoureuse par le montage, afin de faire advenir un réel inapparent. Il est également possible que cela soit pour eux une manière d’éviter de sombrer dans l’imaginaire pur, menace oh combien actuelle dans le champ contemporain audio-visuel, et de mettre leur travail à l’épreuve de la complexité du monde et de l’infini de la vie des gens qui y habitent.
Tout au long de cette enquête, j’accompagnerai mes propos et les notions que j’éclairerai par des exemples spécifiques, en présentant des extraits dans lesquels chaque forme de montage apparaitra de manière explicite. Je les comparerai entre elles, quand cela sera pertinent, mais aussi à d’autres formes plus contemporaines de montage.
Enfin, à chaque séance, je tenterai de réfléchir à la question de la subjectivité, en établissant une analogie entre des formes spécifiques de montage et le type de subjectivité qui en découle. À ce sujet, il me semble que le cinéma propose par le biais de chacun de ces types de montage, une façon singulière de sentir et d’appréhender le monde. Certains montages peuvent parfois se présenter comme des gardiens de formes de subjectivités qui dans notre monde contemporain sont parfois menacées de disparaitre, mais ils peuvent aussi être orientés vers de nouvelles formes de subjectivation.